Régulation sur le nouveau génie génétique: Notre Position
En collaboration avec une large alliance d'une soixantaine d'organisations de soutien, le ASGG indique dans une prise de position les lignes rouges à ne pas franchir.
Brochure d'information de Friends of the Earth (2020) sur les risques des sprays à ARN (en anglais)
Au zoo de Bâle et au parc animalier du Dählhölzli à Berne, les oiseaux devraient pouvoir être vaccinés contre la grippe aviaire à l'aide d'un vaccin génétiquement modifié. L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) a autorisé une dissémination expérimentale de l'Institut de virologie et d'immunologie (IVI) à partir de l'automne prochain et jusqu'à l'automne 2026, sous réserve de l'accord des cantons concernés. En tant que titulaire de l'autorisation, celui-ci doit prendre des mesures pendant les essais afin de garantir la sécurité de l'homme, des animaux et de l'environnement, raison pour laquelle des filets seront tendus pour empêcher tout contact avec les oiseaux sauvages. La Commission fédérale d'experts pour la sécurité biologique (CFSB) et la Commission fédérale d'éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain (CENH) saluent le vaccin. La CENH y voit une contribution à la lutte contre l'appauvrissement de la biodiversité, car les zoos détiennent des oiseaux rares.
L'Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique (ASGG) salue la rédaction de ce rapport complet qui a pour but de clarifier un certain nombre de questions relatives à la régulation des nouvelles techniques de génie génétique (NTGG). La conclusion principale est que les NTGG sont des techniques de génie génétique et que leur utilisation conduit à la production d'OGM et doivent donc être régulés dans le cadre de la Loi sur le génie génétique (LGG). Il confirme que la LGG est une loi de protection contre les abus du génie génétique et que le principe de précaution est son principe directeur. Il laisse cependant la porte ouverte à la possibilité que certaines NTGG échappent à cette loi en renvoyant au Parlement la difficile tâche de réguler tout en restant dans le cadre constitutionnel.
Le riz doré transgénique peut produire du β-carotène grâce à un gène introduit du maïs (image : Wikimedia Commons).
Le 3 décembre, la NZZ a publié un article détaillé sur une variété de riz génétiquement modifié (GM) appelée Golden Rice (GR), qui est désormais cultivée officiellement pour la première fois aux Philippines pour la consommation humaine. L'article reproche implicitement aux personnes et aux organisations qui critiquent les aliments génétiquement modifiés de faire obstacle à la lutte contre la pauvreté. C'est grâce à l'opposition de ces critiques que "des millions d'enfants ont dû souffrir et mourir au cours de toutes ces années", cite l'inventeur du GR. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), jusqu'à 500 000 enfants perdent la vue chaque année dans le monde en raison d'une carence en vitamine A. Celle-ci se trouve dans les produits animaux ou, sous forme de β-carotène (un précurseur de la vitamine A), dans les légumes et les fruits. Or, aux Philippines, le régime alimentaire de la population pauvre comprend presque exclusivement du riz blanc, qui contient certes des glucides, mais très peu de micronutriments. Le GR contient du β-carotène. Selon la NZZ, "il y en a tellement qu'un enfant aux Philippines peut couvrir environ la moitié de ses besoins quotidiens en vitamine A par sa consommation normale de riz". Dans le Tages-Anzeiger, il est même question de "suffisamment de provitamine A pour couvrir presque ou entièrement les besoins quotidiens des enfants d'âge préscolaire". Les autorités alimentaires et sanitaires des États-Unis, du Canada, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande concluent en revanche que le GR ne contient pas assez de β-carotène pour être commercialisé comme céréale nutritive. En outre, la transformation du β-carotène en vitamine A nécessite des graisses. Les enfants qui présentent une carence en vitamine A sont issus de familles pauvres qui ne consomment pas régulièrement de graisses. Il n'est donc pas certain qu'ils puissent absorber efficacement le β-carotène dans le GR. En outre, le β-carotène se dégrade rapidement après la récolte, le stockage et la transformation du GR, de même qu'en présence d'humidité et de températures élevées. Le meilleur moyen de conserver le β-carotène serait de mettre immédiatement le riz sous vide et de le stocker à 4 degrés Celsius. Mais même ces conditions, presque impossibles à mettre en œuvre en Asie du Sud-Est, ne pourraient réduire la dégradation que de 54 %. Une autre partie est perdue lors de la cuisson. La GR semble donc incapable de tenir sa promesse, même après des décennies.
Les dernières enquêtes estiment qu'environ 350 000 espèces d'insectes visitent les fleurs et participent à la pollinisation. Image : Shutterstock
En amont de la COP15 à Montréal, l'ONG française Pollinis, qui milite pour la protection des insectes pollinisateurs, a lancé un appel pour mettre en garde contre les conséquences négatives possibles de l'utilisation des biotechnologies dans l'environnement. Les insectes pollinisateurs sont en effet importants pour la biodiversité, les fonctions de l'écosystème et l'augmentation des rendements. Pour inverser le déclin des populations d'insectes, il faut leur offrir un habitat sûr dans les paysages où l'on pratique l'agriculture, l'élevage et la sylviculture, demande Pollinis.
La dissémination d'organismes, de produits ou de composants obtenus à l'aide de la biotechnologie génétique, tels que les pesticides à base d'ARN interférent (ARNi) et les organismes génétiquement modifiés (OGM), pourrait aggraver les facteurs de stress actuels auxquels les insectes pollinisateurs sont déjà exposés, craignent les signataires : des personnalités de renom dans les domaines de la biologie moléculaire, de la génétique, de l'entomologie et de l'agroécologie, de l'apiculture et de l'environnement.
Actuellement, la législation européenne est la même pour les nouveaux et les anciens organismes génétiquement modifiés (OGM). Celle-ci prévoit une évaluation des risques, un étiquetage clair et la traçabilité des OGM mis sur le marché. Mais la Commission européenne a l'intention d'exclure les OGM produits par de nouvelles techniques de génie génétique (NGV) de la législation actuelle sur les OGM, afin d'obtenir un accès simplifié au marché européen. Si la déréglementation prévue est mise en œuvre, les évaluations des risques, les exigences de traçabilité et d'étiquetage seront supprimées pour environ 95 % de toutes les plantes NGV actuellement en cours de développement. Cela permettrait de résoudre de manière ingénieuse le problème du rejet des aliments OGM par les consommateurs. Car sans déclaration, plus personne ne sait ce que contiennent nos aliments. Les puissantes entreprises de semences et de produits chimiques peuvent donc s'attendre à des bénéfices encore plus importants.
À l’occasion de l’Assemblée des délégués d’automne de Bio Suisse du 16 novembre 2022 à Olten, des spécialistes du secteur bio ont exigé que les nouvelles techniques génétiques soient traitées dans le cadre de la Loi sur le génie génétique. La Fédération veut prendre une décision à ce sujet d’ici au printemps.